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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 00:00

 

La place du Château

 

Requête de la Municipalité de Trans aux Administrateurs du district de Draguignan.

"Citoyens, le bourg de Trans est réduit à un bien petit espace, étant cerné, au nord et au levant par la rivière et des précipices, et au midi et au couchant par l'enclos national (château et parc du ci-devant seigneur confisqué par la nation après l'exécution du marquis à Paris le 4 prairial de l'an II), de manière que les habitants ne pouvant avoir des emplacements pour construire des maisons en proportion de leur nombre, se trouvent entassés et manquent souvent d'usines de ménage (commodités de cuisine et de lavage). Il désire que cet enclos soit divisé de manière qu'il puisse être bâti des maisons à suffisance. Mais les maisons exigent des rues et des alignements convenables pour que l'air ne soit pas intercepté. Les experts que vous avez commis pour faire des divisions des biens du condamné Villeneuve doivent être autorisés de votre part pour tracer les rues et laisser leur espace libre et sans être compris dans les objets à vendre. C'est pour leur donner des pouvoirs suffisants que la Municipalité vous observe :

1° Que l'allée de l'enclos qui se trouve au couchant et qui tire du nord au sud (actuellement montée de la Cotte anciennement dénommée rue de la Côte), appartient à la Commune, étant le chemin qui conduit à Lorgues et à divers quartiers du terroir, et ayant été enfermé dans cet enclos par abus ce qui ne peut nuire au droit de propriété de la Commune, qu'elle réclame par notre ministère.

2° Qu'il soit tiré une ligne de maisons depuis le parterre (jardin fleuriste situé en face de la façade sud du château du côté gauche de la rue actuelle du Parterre) de l'enclos jusqu'à la fontaine publique (angle des rues actuelles Nationale et de l'Ermitage), tirant du nord au sud et formant un parallèle avec la maison et fabrique de soie du citoyen Antoine Ricaud (immeuble appartenant à M. Emile Reynier et local industriel appartenant à M. Vadon). Mais si les maisons étaient bâties précisément au bord du terrain de cette partie (c'est-à-dire si elles s'alignaient sur la façade du château qui avance sur la rue Nationale), la rue se trouverait trop étroite à cause du passage fréquent. Il faudrait donc, pour la rendre commode, qu'elle fut élargie de deux tiers (environ 4 mètres) au moins et que les experts pussent déterminer que cet espace servirait à la voie publique et ne serait pas compris dans la vente.

3° Qu'une autre rue peut être tracée au couchant du château tirant du couchant au levant, comprenant l'allée des tilleuls et s'alignant avec les bâtiments supérieurs du midi et du nord. Cette rue aboutirait au canal public (cette rue se serait développée parallèlement à la façade nord du château et aurait abouti à l'actuelle rue Nationale, elle aurait été complétée en T par l'allée des tilleuls.

4° Que l'allée des ormeaux qui sépare la partie supérieure de l'enclos de la partie inférieure, le long du canal public, ainsi que les petits espaces qui se trouvent entre le canal et l'allée doivent être conservés dans leur largeur, en raison de ce que cette allée sert de chemin le long de ce canal pour l'usage des habitants qui ont le droit d'arroser, du côté du citoyen Ricaud pour les eaux de sa fabrique de soie, de la Commune pour les eaux du moulin à huile qu'elle a fait construire dans ce quartier, et des propriétaires qui feront l'acquisition des trois moulins à huile de la République situés au même quartier (moulins de MM. Joseph Raynaud, Lorenzi et Saurin), indépendamment que ce chemin est nécessaire pour le passage des acquéreurs des lots de la partie supérieure de l'enclos (cette grande voie serait partie de l'angle des rues Nationale et du Cassivet. Elle aurait coupé obliquement l'extrémité de la rue projetée au 3°, et suivant alors le canal, elle aurait abouti sur la côte un peu avant le passage à niveau)".

 

Vue générale annees 20 

  La requête explique ensuite que la plus-value donnée aux emplacements situés sur les voies projetées compenserait la non aliénation de leur sol. Cependant, cette requête n'a pas eu satisfaction par suite de la mise en adjudication tardive des biens du marquis de Villeneuve. Les événements avaient marché depuis sa mort. Bientôt, on les rendit aux héritiers du condamné. Leur vente à laquelle il fut procédé sur licitation en 1803, se fit sans tenir compte des demandes présentées par la Municipalité de Trans. Cette inobservation d'un voeu exprimé en vue de l'intérêt général fut aussi regrettable pour le pays que pour les possesseurs des biens vendus. Les rues projetées auraient permis à la population de Trans de s'accroître et elles auraient donné une bien plus grande valeur aux terrains.

 

Sources : Les Archives de Trans en Provence - Jean Barles - N° 25 -

Septembre 1932

 

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